Un jour, le physicien russe Piotr Kapitsa demanda à Paul Dirac son avis sur le livre Crime et Châtiments. Réponse laconique de ce dernier : « Très bien, mais l’auteur s’est trompé, car il a décrit deux levers de soleil le même jour ». Dirac parle peu, très peu et jamais pour ne rien dire. On raconte que ses collègues physiciens et ses étudiants avaient inventé une unité pour mesurer le débit de parole, le « Dirac », équivalent à « un mot par jour ». Liminaires et minimalistes, les paroles de Dirac ont donc un poids spécifique : ni longue tirade, ni remarque triviale. Pourtant, cet homme singulier mais flegmatique fut plus qu’un chercheur à l’imagination fertile et prolifère. Le silence de Dirac masquait ses dialogues très bavards, à l’aide d’un nouveau langage, avec des objets mathématiques qui vivent dans des espaces abstraits et qui révèlent l’harmonie et la « Beauté » des équations de la physique.

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